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Marion V
Suite de notre 2e volet des portraits de "femmes d'excellence" ! Après le Pr Dominique Brémond-Gignac, chef de service d'ophtalmologie à l'hôpital universitaire Necker-Enfants malades, Le Guide de la Vue vous emmène à la rencontre de sa consœur, le Dr Alejandra Daruich-Matet, ophtalmologiste au service d‘ophtalmologie de l'hôpital universitaire Necker-Enfants malades, et chercheuse à l'unité Inserm UMRS 1138, équipe 17, physiopathologie et innovation thérapeutique en ophtalmologie. L'ophtalmologie et l'enfant... une spécialisation que nous souhaitons mettre en lumière.
Pour la Dr Alejandra Daruich-Matet, obtenir le droit d’exercer en France n’a pas été une mince affaire. Née en Argentine, elle obtient en 2006 le diplôme de médecine de l’université nationale de Cuyo. En 2010, elle fait un stage de six mois dans l’unité de chirurgie vitréo-rétinienne de l’hôpital Hôtel-Dieu, à Paris, pour valider son internat. Mariée à un Français, elle souhaite rester à Paris, mais ce n’est qu’en 2012 qu’elle est officiellement autorisée à exercer en France dans sa spécialité, l’ophtalmologie et plus particulièrement la chirurgie vitréo-rétinienne.
Un choix qu’elle explique ainsi : « ce tissu est fascinant, avec ses neuf couches de neurones interconnectés qui permettent de traiter toute l’information visuelle. Sa chirurgie est complexe et la recherche dans ce domaine est très vaste, ce qui me passionne .»
Dr Alejandra Daruich-Matet,
En parallèle des gardes et astreintes auprès de son équipe de l’Hôtel-Dieu, elle entreprend dès 2012 un stage de Master 2 au Centre de Recherche des Cordeliers. Elle y intègre l’équipe de la Pr Francine Behar-Cohen, qui travaille sur des thérapies neuro-protectrices susceptibles d’améliorer les résultats chirurgicaux. Lorsque la Pr Behar-Cohen part à Lausanne prendre la direction de l'hôpital ophtalmique Jules-Gonin, elle propose à Alejandra Daruich-Matet de l’accompagner, sur le poste de chef de clinique de l’unité de chirurgie vitréo-rétinienne. Elle restera quatre ans à Lausanne, y obtient son doctorat en médecine et s’y forme à la recherche clinique. Elle met notamment en place une étude clinique sur le caractère neuroprotecteur de la molécule UDCA en cas de décollement de la rétine, et l’impact de son administration par voie orale sur le résultat de la chirurgie réparatrice. « C’était une vraie recherche translationnelle, avec analyse des prélèvements chirurgicaux effectués et expériences sur des modèles animaux… cela m’a permis d’appliquer ma thématique de la clinique au laboratoire et vice-versa ». Depuis, elle a soutenu une thèse de sciences en pharmacologie sur le sujet, en 2019, et prépare actuellement la soutenance de son habilitation à diriger des recherches.
C’est également durant ce séjour en Suisse que la Dr Daruich découvre et se forme au versant pédiatrique de la chirurgie vitréo-rétinienne, et décide que ce sera désormais sa voie. « C’était une chirurgie encore plus complexe, plus technique, à chaque fois différente » se souvient la praticienne. Elle prend alors conscience que peu de personnes sont formées dans ce domaine, et que sa capacité, son envie et sa volonté d’être une de ceux-là pourront réellement faire une différence pour les jeunes patients. Son projet : adapter les thérapies neuroprotectrices à l’enfant, en tenant compte de la grande plasticité neuronale et du diagnostic souvent tardif qui caractérise ces jeunes patients.
Rentrée en France en 2017, elle intègre le service d’ophtalmologie de l’hôpital Necker-Enfants Malades, sous la direction du Pr Bremond-Gignac, pour y installer un bloc chirurgical de haut niveau. Elle y instaure également des circuits sécurisés de prise en charge pour les enfants nés avant terme. Convaincue de l’importance d’une détection précoce de la rétinopathie du prématuré, première cause de cécité chez l’enfant, la Dr Daruich-Matet instaure fin 2018 un dépistage par imagerie numérique. Plus adapté aux prématurés que le dépistage traditionnel par ophtalmoscopie indirecte, il est depuis réalisé sur tous les bébés nés avant 31 semaines de grossesse ou au poids inférieur ou égal à 1,250 Kg dans les maternités de Port-Royal et de Necker. Elle participe également au développement de nouveaux protocoles de thérapie génique pour des enfants présentant une dystrophie rétinienne héréditaire.
"La seule façon de faire perdurer la chirurgie vitréo-rétinienne pédiatrie, c'est de la transmettre"
Dernier volet d’un emploi du temps professionnel bien rempli, la praticienne et chercheuse est également très impliquée dans l’enseignement. « J’ai toujours enseigné, depuis l’Argentine. J’ai formé beaucoup d’internes à la chirurgie bien sûr, mais j’ai aussi pris des responsabilités dans les trois cycles de la formation médicale universitaire, suite à ma nomination comme maître de conférences des universités-praticien hospitalier » détaille la Dr Daruich-Matet, qui reprend « c’est une activité qui m’apporte une grande satisfaction, qui contribue à mon propre apprentissage. Et si on souhaite que cette surspécialité perdure, la seule façon de réussir c’est de la transmettre.»
Même si les semaines n’ont que sept jours, Alejandra Daruich-Matet ne peut plus envisager sa pratique sans l’un ou l’autre des trois aspects complémentaires de son activité. A presque quarante ans, elle aborde l’avenir avec enthousiasme. Elle ambitionne notamment de monter une équipe dédiée à la neuroprotection dans les pathologies rétiniennes pédiatriques. Un projet qui va nécessiter plusieurs années, et beaucoup de ténacité.
Propos recueillis par Aline Aurias
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